« Quels comptes la France règle-t-elle avec sa propre histoire ? Avec les siens, tous ces français issus de l’immigration. Il faut s’interroger sur le sens de ces actes et l’inconscient postcolonial qu’ils charrient. Combien de temps encore la domination violente des Blancs sur les Noirs, sur tous ceux dont la couleur n’est pas la bonne, continuera-t-elle de régner ? »
– Assa Traoré, extrait de « Lettre à Adama »
Parfois nous utilisons fièrement des termes et des expressions conçues contre nous. La victimisation, jouer les victimes, ou arrêter de jouer les victimes, en font partie. C’est cela le viol de l’imaginaire dont parle Aminata Traoré. Comment se manifeste ce viol ? Et bien, on se voit, on cherche à se voir dans le regard de l’oppresseur et on finit par se dégrader, par se dévaloriser, par perdre l’estime de soi. La victimisation est un des outils du racisme.
D’un côté, à travers la victimisation, il nous est reproché de nous plaindre de notre sort et, d’une certaine manière, de vouloir nous rebeller contre notre condition. De l’autre, à travers la victimisation, les oppresseurs et les agresseurs trouvent des justifications à leurs actes d’agression et de destruction.
« Lettre à Adama », le livre d’Assa Traoré, sœur d’Adama Traoré, assassiné en juillet dernier par des représentants de l’Etat, expose de façon simple et subtile à la fois les mécanismes du racisme et de la suprématie blanche en France, à travers de multiples exemples et micro-agressions de la vie quotidienne. Et surtout ce livre montre comment la police, la justice et de manière générale, les institutions françaises s’attachent à détruire la famille Traoré, en jouant les victimes…
« Lettre à Adama » expose de façon simple et subtile à la fois les mécanismes du racisme et de la suprématie blanche en France.
Nous devons avoir en tête que si les noirs sont des victimes d’agression, d’assassinat, d’empoisonnement, d’exclusion, et bien, ils sont tout simplement victimes. Et sans réparation et sans justice, pour la plupart du temps.
En 2018, ça devient dramatique de voir et d’entendre des noirs qui viennent dire qu’il ne faut pas jouer les victimes. Il ne s’agit pas d’un jeu, il s’agit de vie et de mort. Et ceux qui jouent avec nos vies et aux victimes, ce sont les racistes.