Cette histoire de la grenouille chauffée doit nous pousser à réfléchir sur notre « condition » de noirs et d’africains dans ce monde, peu importe ce que nous considérons être notre monde d’ailleurs.

Lucas Oleniuk-Toronto Star
20/5/11
« Imaginez une marmite remplie d’eau froide dans laquelle nage tranquillement une grenouille. Le feu est allumé sous la marmite, l’eau chauffe doucement. Elle est bientôt tiède. La grenouille trouve cela plutôt agréable et continu de nager. La température continue de grimper. L’eau est maintenant chaude. C’est un peu plus que n’apprécie la grenouille, ça la fatigue un peu, mais elle ne s’affole pas pour autant. L’eau est cette fois vraiment chaude ; la grenouille commence à trouver cela désagréable, mais elle s’est affaiblie, alors elle supporte et ne fait rien. La température continue de monter, jusqu’au moment où la grenouille va tout simplement finir par cuire et mourir. Si la même grenouille avait été plongée directement dans l’eau à 50 degrés, elle aurait immédiatement donné le coup de patte adéquat qui l’aurait éjectée aussitôt de la marmite. »
Faut-il attendre de se brûler pour saisir ce qu’il nous arrive ? Ne doit-on pas questionner les lieux et environnements dans lesquels nous sommes immergés ?
Cette histoire de la grenouille chauffée doit nous pousser à réfléchir sur notre « condition » de noirs et d’africains dans ce monde, peu importe ce que nous considérons être notre monde d’ailleurs. Faut-il attendre de se brûler pour saisir ce qu’il nous arrive ? Ne doit-on pas questionner les lieux et environnements dans lesquels nous sommes immergés ?
Si on vous dit d’entrée les sociétés occidentales sont des démocraties de séparation et donc d’exclusion, et qu’on vous le montre tous les jours, est-ce que vous continuerez à chercher à y être reconnu à tout prix ? Si on vous dit d’entrée que le capitalisme et les sociétés qui sont organisées autour constituent un système raciste qui tend à nous détruire, et est-ce que vous serez encore disposé(e) à consommer leurs idées ? Quand le ciel est bleu, et qu’on vous dit, non le ciel est jaune, est-ce que vous continuerez à accorder votre confiance à ces personnes qui nient la réalité ?
C’est pourtant ce que nous vivons, et ces sociétés et ces environnements qui nous brûlent à petit feu, nous avons pourtant, plus ou moins inconsciemment tendance à les accepter, à les supporter, alors qu’ils vont nous détruire. Voilà pourquoi nous avons besoin d’une insurrection des consciences, telle qu’on vous invite dans le livre « #ingeta. Dictionnaire citoyen pour une insurrection des consciences » (plus d’infos sur Congolobilelo). C’est aussi pour les mêmes raisons que le magazine Illmatik existe.