Pour comprendre le Congo-Kinshasa aujourd’hui, il faut se référer au système esclavagiste de la plantation.
Les mêmes dynamiques sociales, humaines, économiques et sécuritaires s’y produisent. Parce que le Congo-Kinshasa est depuis des années maintenant une grande prison à ciel ouvert. Et cela a des conséquences négatives sur les cœurs, les esprits et les relations des uns et des autres. C’est dans ce contexte de plantation que s’est déroulé cette « marche sanglante et meurtrière du 31 décembre 2017 ».
Oui, nous comptons déjà les morts comme nous les avons comptés pour les marches précédentes, comme nous les comptons depuis 1996 et la guerre raciste d’agression et de prédation initiée par les anglo-saxons contre les paisibles congolais. On compte les morts et parfois, j’ai l’impression que certains attendent que la communauté dite internationale ou des âmes de bonne volonté vont venir en aide à ce peuple congolais continuellement agressé et qui souffre depuis tant de décénnies pour ne pas dire siècles. Personne ne viendra. Même si la prétendue opposition politique, les ong internationales et certaines organisations citoyennes congolaises chercheraient à faire croire le contraire.
Travaillons à façonner une manière de nous considérer (nous-mêmes) comme étant des gens de valeur, une manière de travailler et être ensemble qui soit mutuellement bénéfique, une manière de penser qui va dans le sens de l’amélioration de notre devenir commun, une manière d’agir qui contribue au mieux vivre partagé
Parce que le malheur des congolais fait le bonheur de cette communauté internationale qui a tant soit peu réussi à faire croire que son bonheur est synonyme du bonheur pour tous. Parce que Kabila, du point de vue de la mission qui lui a été assigné par ses maîtres occidentaux, est à féliciter, parce qu’il s’attache correctement à détruire les vies congolaises, affaiblir les institutions congolaises et faciliter le pillage des ressources congolaises.
Alors que faire ?
Dans son titre « One Love », Nas, qui écrit à ses amis pris dans le système carcéral américain, leur demande de rester civilisés, tout en sachant qu’incarcérés ils risquent de perdre la tête et l’esprit, voilà les termes que Nas utilise: «So stay civilized, time flies/Though incarcerated your mind dies ». Voilà également ce à quoi le mouvement Likambo Ya Mabele a décidé de concentrer une partie de ses efforts, parce que nombre de nos compatriotes se trouvent incarcérés, dans l’espace congo-kinshasa ou dans la prison mentale que ce contexte a créé : RETABLIR LES CŒURS ET LES ESPRITS.
Comment ? L’abbé Jean-Pierre Mbelu explique cela :
« Une des pistes est de travailler à façonner une manière de nous considérer (nous-mêmes) comme étant des gens de valeur, une manière de travailler et être ensemble qui soit mutuellement bénéfique, une manière de penser qui va dans le sens de l’amélioration de notre devenir commun, une manière d’agir qui contribue au mieux vivre partagé. Par quels moyens? Initions des actions citoyennes et des projets collectifs. Engageons des discussions et des échanges permanents entre nous, avec nos jeunes, avec nos aînés, avec les populations de la base, au Congo ou dans les diasporas. Développons des coopératives et des activités qui contribuent à changer la réalité matérielle des nôtres… Il y a certainement d’autres pistes et d’autres actions à mettre en place. il s’agit ici d’initier le débat, de lancer la « première pierre » en quelque sorte… Que chacun apporte sa pierre à l’édifice d’un Congo réinventé pour le bien de tous…. Une identité collective forte, des valeurs partagées par le plus grand nombre et une idéologie unifiées sont le nerf de la guerre des idées que nous devons remporter pour renverser les rapports de force en RDC. L’argent, vu comme nerf de la guerre par certains, vient après. »
Plus d’information sur le mouvement :
Le site web : likayama.org
La page facebook : facebook.com/likayama/