Nous vivons aujourd’hui, plus que jamais, dans un monde dans lequel avoir la bonne idée vous permet de faire la différence et de vous imposer dans le domaine dans lequel vous évoluez. Et l’expression “voilà, une idée” devient une porte ouverte vers la réussite. Mais que faut-il pour avoir une idée ? Comment déniche t-on les bonnes idées ? A quoi reconnaît-on une bonne idée, de surcroît ? Pourquoi certaines personnes ou certaines organisations sont des fontaines inépuisables d’idées tandis que d’autres luttent pour produire une simple idée nouvelle ? Nous avons posé ces questions à des professionnels venant de différents horizons géographiques et culturels, mais dont l’idée demeure essentielle dans leur activité. Voilà leurs idées à ce sujet.
PAR P.E.I| ILLMATIK N°1
« Beaucoup d’idées viennent pendant le sommeil. Quand je suis très concentrée, le lieu a peu d’importance. J’essaie d’avoir un plan avant de démarrer un livre. Mais je ne commence rien sans avoir lu et digéré des tas d’ouvrages. Le travail de recherche est parfois plus important que la rédaction, pour Black Attitude #1, j’ai eu dû mal à arrêter. Mon défi revient à tout cooliser, faire cohabiter mon univers et les différents matériaux qui viennent enrichir ma culture. Cela me plaît de créer l’inédit.
Je n’avais pas l’intention d’écrire le premier roman de la génération hip hop au féminin en écrivant Icône Urbaine. Avant de m’atteler à l’écriture de ce livre, j’avais suffisamment lu pour observer la proximité entre un auteur et de son univers romanesque. Pareil pour Black Attitude #1, je rêvais à la fois d’écrire un roman estampillé “chick-litt” sans conserver le côté absurde du genre, je voulais faire quelque chose de plus dense, frais mais tout aussi irrévérencieux. On ne le dit pas souvent, mais quand on ne sait pas faire, il ne reste que la créativité pour contourner le problème qui se présente.
Il y a une grande part de délire personnel dans la création. Le stade de l’idée n’a rien à voir avec celui de la réalisation qui, lui, implique d’autres forces. Il faut avoir un tempérament rêveur. On me dit souvent que je suis dans la Lune, or je crée. Je quitte le réel pour habiller le réel d’une fiction en gestation. Nous avons tous les qualités de nos défauts. Pour créer, il faut se révolter contre tous les conformismes, entretenir son esprit de contradiction. Dépasser le politiquement correct permet de trouver de l’inspiration.
Mon environnement est mon matériel, c’est mon Univers. Mon bagage personnel m’aide bien, mais c’est à ma culture iconoclaste que je dois l’essentiel. La sociologie et l’Ecole de Chicago ainsi que mon enfance sont des influences lourdes. A côté de ça, j’essaie de vivre des choses peu communes, rencontrer des gens hors du commun, sortir des sentiers battus, rester curieuse. Tout n’est pas toujours volontaire, il y a des situations qui s’imposent à moi. Je recycle mes larmes, mes expériences positives comme négatives. Il y a cependant, des douleurs qui ne seront jamais évacuées par écrit. Je conserve une certaine pudeur. Carnet Spunk est mon livre le plus biographique alors qu’il s’agit en partie d’un essai. On n’est pas toujours conscient de ce que l’on écrit. »
Lauren Ekué a publié 3 romans: Icône Urbaine (2005), Carnet Spunk (2010) et Rose: Black attitude #1 (2011). Spécialiste de la beauté, elle collabore avec les magazines Fashizblack, Black Fashion, Black Beauty, entre autres.