Nous vivons aujourd’hui, plus que jamais, dans un monde dans lequel avoir la bonne idée vous permet de faire la différence et de vous imposer dans le domaine dans lequel vous évoluez. Et l’expression “voilà, une idée” devient une porte ouverte vers la réussite. Mais que faut-il pour avoir une idée ? Comment déniche t-on les bonnes idées ? A quoi reconnaît-on une bonne idée, de surcroît ? Pourquoi certaines personnes ou certaines organisations sont des fontaines inépuisables d’idées tandis que d’autres luttent pour produire une simple idée nouvelle ? Nous avons posé ces questions à des professionnels venant de différents horizons géographiques et culturels, mais dont l’idée demeure essentielle dans leur activité. Voilà leurs idées à ce sujet.
PAR P.E.I| ILLMATIK N°1
« L’innovation est comme le Saint-Graal des temps modernes pour faire face aux tendances perturbatrices des technologies qui mettent à mal les business models. Innovation dans un contexte technologique, innovation dans le développement, innovation dans la philanthropie : Politiques, hommes d’affaires, leaders, techniciens, futuristes, beaucoup d’entre nous sont en quête d’innovation. Pour innover, il faut faire preuve d’une saine dose d’humilité. C’est une des grandes leçons que j’ai apprise sur l’innovation, à travers mon expérience avec Ushahidi.
Il faut en effet de l’humilité pour se confronter aux réalités du terrain, pour apprécier la vision de quelqu’un autre, la vision d’un enjeu ou d’un problème sous un angle différent. Quand des individus se rassemblent sur la base d’une passion commune pour ce qu’ils font, c’est là que vous voyez l’innovation. Quand il y a une corrélation directe entre le problème et la solution possible, la promesse de l’entrepreneur dans les technologies ou du développeur dans les mobiles est de concevoir le chemin. C’est ce que je constate dans la communauté des « techies » en Afrique.
Il nous reste encore beaucoup à accomplir, mais nous pouvons imaginer le monde de manière différente et nous attacher à façonner notre vision. Avoir les outils et l’équipe pour le faire, c’est comme avoir le marteau de Thor.
Pour les pays et les fondations, si le but est de stimuler l’innovation, il leur faut donc faire preuve d’humilité. Pour écouter, observer, et collaborer avec les innovateurs peu important l’endroit où ils se trouvent. Pour dénicher le potentiel là où d’autres n’y voient que du néant, pour soutenir et valoriser sans supplanter ni dicter. Il est nécessaire de prendre conscience que l’innovation, c’est une culture avec une empreinte qui peut être unique, dynamique et surtout pleine de répercussions. Il faut penser en terme d’impact social, d’investissement ou encore de philanthropie. Pour voir des solutions là où d’autres voient des problèmes, vous devez aller sur le terrain et écouter.
C’est ce que nous nous efforçons de faire avec le développement d’Ushahidi à travers le monde et nous invitons les autres à se joindre à nous pour traduire, adapter et agréger les données et les enjeux qui vous importent, mais aussi pour explorer des solutions ensemble. »
Juliana Rotich a co-créé, en 2008, la plateforme numérique Ushahidi (logiciel libre et citoyen pour prévenir la violence, via sms, tweets, emails), aujourd’hui présente dans plus de 150 pays et déjà utilisée par plus de 22000 projets citoyens. Directrice générale de la société à but non lucratif de même nom, spécialisée dans les projets technologiques et citoyens, elle a lancé en 2013, “BRCK”, un outil qui permet de se connecter à internet, partout dans le monde. En 2011, Juliana Rotich a été nommée Entrepreneur social de l’année par le Forum Economique Mondial.