L’assassinat d’Adama Traoré est un drame français. Il rappelle que la France si elle est une démocratie, elle est une démocratie de semblables dans laquelle les noirs ne peuvent être que des citoyens d’exception.
En effet, les effets de la démocratie française ne peuvent s’appliquer automatiquement dans leurs cas parce que sinon cela détruirait la croyance, forgée à coups de propagande, violences et massacres, au racisme ( à travers les razzias négrières et la colonisation) qui fonde le développement de la France. Quel lien avec l’affaire Adama Traoré ?
La démocratie se résume en deux promesses solidaires, pour reprendre les termes de Philippe Breton: « d’une part, nous pouvons, ensemble, sur la base d’une égalité de parole, discuter et décider de notre destin ; d’autre part, nous pouvons pacifier la conflictualité tout en gardant la dynamique de nos différences » (L’incompétence démocratique). Dans le cas d’Adama Traoré, les forces de l’ordre se comportent comme des dompteurs de bêtes sauvages avec adama Traoré, en tant que représentants de l’Etat français, ils n’ont eu que la violence à proposer comme interaction. Pire, alors que la sœur d’Adama Traoré se bat avec ses mots, ses convictions et son comité pour obtenir la vérité et la justice, la réponse de l’Etat, c’est toujours plus de violences contre la famille d’Adama Traoré, avec maintenant la condamnation à 3 ans de prison pour un de ses petits frères. Cela montre bien que quand bien même on joue le jeu de la démocratie, du respect des règles, la réponse, c’est la violence.
Oui, c’est un drame, parce qu’il dit à nos plus jeunes, comme l’Etat américain rappelle constamment aux jeunes noirs américains, qui que vous soyez, quoique vous fassiez, vous ne valez rien et nous pouvons vous détruire quand bon nous semble. Oui, c’est un drame, parce qu’il fait prendre conscience à ceux qui estiment que « l’intégration des noirs » est une question de temps comme les autres, et bien, non, pour les africains, il ne peut s’agir d’intégration ou d’assimilation, dans la mesure où nous sommes dans un processus de type colonial. Oui, c’est un drame, parce que les défenseurs de la démocratie, de l’idéal français ne montent pas au créneau pour défendre la « démocratie française ».
Mais ce drame français doit faire émerger l’idée selon laquelle ce pourquoi nous devrions nous battre en tant qu’africains dans des sociétés racistes, c’est la récupération de notre dû, rien de plus rien de moins. On n’a plus de temps à perdre à chercher à nous faire accepter, à nous faire apprécier, et plus généralement à nous adapter. Nous devons nous battre pour la justice et obtenir ce dont nous sommes en droit d’avoir légitimement. C’est le combat que mène Assa Traoré et son équipe, La vérité pour Adama. C’est un grand et beau combat que nous devons tous mener, selon nos capacités respectives (bon, je pense juste qu’il faudrait raisonner en termes de pas de justice, pas de profit, plutôt que clamer « pas de justice, pas de paix »).
Pour conclure, il me vient l’esprit, cette pensée d’Aminata Traoré (extraite de son livre L’Afrique humiliée):